Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'expat (Blog en construction sur les anciens articles)

Japon : Bain de minuit

Publié le 4 Janvier 2017 par Bobbie in Ailleurs, Decouverte, HangingOut, Activité, Bouffe

Cécile a voulu me gâter pour son dernier jour de vacances et me laisser involontairement une image indélébile de cette journée Nous sommes allées à Hakone faire un day-trip munies d'un pass transport acheté à HIS ( il y a une agence au B1F du centre commercial Modhi à Shibuya). Le billet permettait de se déplacer pour visiter différent sites sur le massif d'Hakone. Dans notre cas, nous avons suivi le tour le plus logique : celui où les transports étaient encore accessibles.

Tout commence à Hakone-yumato, où nous sautons littéralement du train local pour un autre plus petit (3 wagons) et plus old school (il tremble, il est brusque et il fait du bruit). Mais c'est fun et on peut voir à quel point la montagne ruisselle d'eau (pure) même s'il n'a pas plu depuis des jours.

Plusieurs arrêts paraissent sans importance sur le trajet jusqu'à Góra. Mais, des courageux grimpent le flanc de montagne et grugent un peu de sentier, au cas où la tachycardie les cajole un petit peu.

Góra, ce qui nous intéressait était un parc / jardin botanique (300 yens l'entrée) avec un salon de thé japonais traditionnel. Malheureusement pour nous, il était fermé. Du coup, on poursuit notre tour en prenant le funiculaire.

Un gros ATTENTION ! Comme le massif d'Hakone est assez populaire, l'espace dans les transports est rapidement réduit. C'est pourquoi il vaut mieux redescendre au terminal de Góra une fois que vous avez parcouru le jardin. Sinon à vos risque d'être squeezé en entrant dans le wagon depuis la station prêt du jardin.

Une fois arrivée au bout, on enchaîne avec un télécabine. Pas le temps de trainer et surtout, il n'y a pas grand chose à faire entre ces deux véhicules.

Ouf !

On a tous une place assise et personne n'est debout. Ce téléphérique ne fonctionne pas quand il y a ...

Des vapeurs un peu trop abondantes !

Nous passons en effet au dessus des soupirs sulfureux du volcan Mont Kami dont les dernières activités remontent à 3000 ans. Ça sent l'oeuf pourri mais pour les gens sans gros problème de respiration, ce n'est qu'une formalité.

La vue y est sensationnelle: les fumées de gaz d'un côté, le mont Fuji de l'autre ! Grandiose, isolé, enneigé. Enfin ! Je le vois de mes propres yeux à une distance ridicule ! De Tokyo, on peut l'apercevoir, mais il parait loiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin. Alors que depuis notre modique télécabine, il parait à porter de main.

Comme c'est l'unique relief coiffée d'un manteau de neige et  qu'il en impose quand même (3776 m), il attire quand même l'exclamation ! Et puis, (après la géologue, l'agronome, voici :) la randonneuse qui sommeille en moi ne peut que s'extasier et désirer ardemment de l'escalader.

Moi, je suis une touriste. Mais beaucoup de Japonais pèlerine à son sommet. Comme beaucoup d'élément de la Nature, et autres monts, ce volcan possède maintes légendes.

Parmi ceux-ci (les deux premiers qui me sont tombés sous la main en demandant à Dr Google), on trouve le conte du coupeur de Bambou ou la légende de Kaguya-hime. C'est un très joli conte, ma foi, et il me tarde d'en trouver une édition illustrée jolie comme un coeur. Si vous voulez lire un bref résumé de l'histoire, elle est en deux parties : la première et la deuxième. Elle explique l'origine du nom : 'Fuji' qui signifie Eternité. Sinon pour les feignants, il y a le film magnifique des studios Ghibli (Sortez vos mouchoirs, en revanche). L'autre légende est celle de Sakuya-hime (Sakuya signifie Floraison) et de son opposé avec l'Eternité : Floraison = Ephémère.

Bref, Mont Fuji est une source de défi, de poésie et détente.

Japon : Bain de minuitJapon : Bain de minuitJapon : Bain de minuit
Japon : Bain de minuit

Et nous arrivons désormais au changement avec le télécabine qui descend. La pause que nous faisons à cette station nous permet d'embrassser du regard la fumée qui se dégage dans un cratère verdâtre formé par le dépôt de soufre. Je ne sais pas ce qui se fait dans le secteur mais il y a bien des constructions humaines au travers de ce champ toxique...Et des gens en combinaison qui y font leur boulot.

Owakudani, ainsi s'appelle la vallée sur laquelle nous marchons possède apparemment des sources d'eaux chaudes. Assez chaudes pour cuire un oeuf. Et il y en a qui ne ce gène pas ! Le Kuro-tamago (littéralement Oeuf noir) est la spécialité du lieu. Par une réaction chimique entre les composants de la coquille et les molécules contenues dans l'eau thermale, l'enveloppe calcique devient noire ! J'ai pas testé (pas l'occasion et j'ai découvert ça en faisant ma recherche pour cet article), mais il parait que c'est pas mauvais. 

Noter que le mec dans la vidéo porte des gants : ce n'est pas pour que ses mains se désintègrent dans l'eau mais à cause de la température (pensez-vous ! ).

Un autre télécabine nous fait descendre jusqu'au lac d'Ashi, où le ticket nous permet, ensuite, de prendre un bateau type galion espagnol pour Motohakone. Le paysage n'est pas dégueulasse : de la verdure et des crêtes du cratère de Kami. Et finalement, comme nous nous trouvons à côté d'un couple semi-français, nous finissons par bavarder de tout et de rien et nous nous quittons sur les quais avec une note plutôt philosophique : " Les japonais sont riches d'argent, nous (les Occidentaux), nous sommes riches du temps".

A méditer quand nous protestons - les occidentaux - de nos horaires de travail tout en voulant gagner plus.

Sur ce bord du lac, il y a quelques temples a visiter. Nous en faisons un, assez grand, où je tombe sur des pancakes à l'haricot rouge dans un des nombreux stands proposants tous une truc à bouffer différent. Quel dommage de ne pas avoir un appétit de loup, sur le coup par ce que tout paraissait délicieusement bon.

 Bien sûr, le temple Hakone est beau, il y a des arbres auxquels on peut faire un câlin (après vous être purifié, sacrebleu !) avec leur Shimenawa (ceinture de corde à signification sacrée : en l'occurrence, l'élément entouré est la maison d'un kami). Ce sont donc des Shinboku (arbre sacré) qui hébergent un Kodama. Enfin, pour faire un peu d'exercice, nous descendons des escaliers (ooouuuuh que c'est difficile) car il y a un Tori qui donne sur le lac !  

Japon : Bain de minuitJapon : Bain de minuit
Japon : Bain de minuitJapon : Bain de minuit
Japon : Bain de minuitJapon : Bain de minuitJapon : Bain de minuit

Et voilà.

Y a plus que le bus à prendre pour retourner à Hakone, et le tour est fini...ou pas !

Je vous ai parlé des Soba?

Peut-être sont elles déjà apparues dans les Yakisobas ? Ce sont des pâtes japonaises dont la farine est de sarrasin. Pas d'oeufs comme nos pâtes italiennes. On en trouve dans les soupes, mais avec Cécile, nous les avons mangé comme des spaghettis mais à la Japonaise. C'est-à-dire que les soba sont trempées dans une sauce à part au fur et à mesure qu'on les mange. L'astuce : elles doivent rester dans un fond d'eau froide pour éviter qu'elles ne collent entre elles (ça sent le vécu). Autrement, c'est un plat simple à faire qui peut se dériver de plusieurs manières (Exemple : Bientôt une recette. Ce sera ma recette à moi, na !). Comble de cette journée mémorable (et après vient l'apogée) : nous mangeons sur les petites tables basses où il faut se déchausser avant de s'installer ! 

Itadakimasu
Itadakimasu

Itadakimasu

Si un petit périple à Hakone-Machi ne prend qu'une journée, il y a mieux ! Il y a l'apogée !
Roulement de tambour, confetti et feux d'artifice. Avion qui passe avec la banderole "Tu gères, Cécile !" :
Pour finir en beauté la journée, rester dans un Ryokan !

Yiiiiiiiiiiih!
Mais pourquoi tant d'excitation ??
Savez vous ce qu'est un Ryokan? Un Ryokan qui a un Onsen?
Non? Oui? Oui? Non?
Ce sont des sources thermales qui alimentent une auberge traditionnelle japonaise (les Ryokan) ! Rien que ça ! Et pour que les sources ne fassent pas que de passer, les auberges en font des bains (les Onsens). Rien que ça !


Nous sommes restées au Yoshiike Ryokan. De dehors, ça parait plus moderne que ce que les photos montrent, mais le Yukata ne fait pas la Geisha ! (Proverbe d'une Bobbie hystérique). Il y a véritablement de quoi devenir folle (tout en restant zen) dans cette auberge.

Du moins, quand la Bobbie n'est jamais allée dans un onsen auparavant. Et encore, je ne crois pas que je pourrais paraître aussi tranquille que les clients que nous avons rencontré même s'il s'agit de mon centième. 

L'accueil est digne d'un très bon hôtel (en tout cas, de tous ceux que j'ai fait jusque-là) et nous sommes guidées sereinement dans les méandres du lieu par notre hôte parlant anglais. Outre les taikos (tambours géants) et les armoires en exposition, rien de folichon jusque là.

Et là, la porte de notre chambre s'ouvre.

Et là, je vois le tatami, les portes coulissantes et la table basse qui sert logiquement pour les repas. Certes, il doit y avoir plus traditionnel en chambre, mais là, pour une première, c'est le pied (déchaussé, svp !). 
Il nous faut peu de temps après le départ de la réceptionniste pour sauter dans le Yukata et se diriger vers les Onsen privés : c'est-à-dire, un espace pour nous seules.

Pas de réservations possibles. Juste le premier arrivé, premier servi. En revanche, les règles sont les mêmes dans le bassin. Il faut se laver avant avec les douches situées juste en face des bassins.

Ensuite, on peut se glisser agréablement dans l'eau naturellement chaude à 39 °C. Après une journée à marcher dehors dans le froid hivernal, c'est le moment absolu. L'eau sent la montagne. Je ne saurais vous expliquer l'odeur mais il n'y a pas de doutes quant à son origine. Le bassin n'est pas profond. A tout casser, 50 cm d'eau. Mais on peut se mettre entièrement, juste les jambes ou les pieds selon son confort. Voire juste le buste si on arrive à se caler.

Les Onsens sont un lieu de détente, de santé, puisque l'eau est riche en certains minéraux (comme les cures de Vichy) et un lieu social puisqu'on peut parler aussi. Nous y restons facilement une heure avant de libérer la place et de revenir à notre chambre.

Entre temps, la table basse sur le tatami a été déplacée pour deux futons ! Ce sont des matelas à même le sol. Il m'en faut peu pour m'enthousiasmer, me vautrer et rouler comme une saucisse dedans. Pour moi, cela représente mon idéal de chambre ! Tu dors sur un truc confortable (sans compter le coussin est d'une dureté parfaite) et le matin, POUF ! Tout dans les placards ! Plus d'espace pour bosser ! Ca, ma cervelle d'européenne s'y était largement préparée grâce à un autre manga qui a marqué mon adolescence : Rurouni Kenshin. On y voit souvent les personnages dormir comme des souches sur la couche.

Bah tiens !

Bim, pour le souvenir !

 

Japon : Bain de minuitJapon : Bain de minuit

Bon, après cette pause folle pour reprendre des forces (ça creuse de patauger dans l'eau chaude). L'envie d'y retourner me chatouille.

Les Onsens détendent et quitter sa chambre est difficile. Mais les onsens communs ont un énorme atout : ils sont ouverts ! Du moins : une partie des Onsens pour filles à un accès à l'extérieur qui est évidemment cloisonné pour éviter les regards indiscrets. Je l'aurais regretté toute ma vie si j'avais cédé à la paresse. Je réussis à convaincre Cécile de m'accompagner, et là, chers lecteurs, vous pouvez commencez à baver. Il est 23 heures du soir, dans l'onsen commun, il n'y a que 3 filles. Après la procédure de la douche, nous filons directement dehors où un bassin est vide, un bassin de 20 m² voire plus, dehors, rien que pour nous. Je meurs de reconnaissance éternelle au fait que ce jour hivernal d'excursion soit celui-ci, l'heure où nous étions, une heure creuse, que le ciel soit dégagé et que Cécile eut envie de faire ce voyage thérapeutique.

Il n'y avait que les étoiles pour nous mater, un délicieux filet d'eau comme fond sonore et la chaleur de l'onsen comme couverture. Il était facile de laisser une partie du corps fumer dans le froid et l'autre dans la chaleur aqueuse. Là encore, nous avons pu papoter à notre aise, bien que l'effet de l'onsen me floute un peu la mémoire (Je crois qu'à ce moment, une partie de mes neurones était HS). En parlant d'effets, rester dans un Onsen peut provoquer des évanouissements; Le corps sature trop de bonheur, vous comprenez ?! Il ne tient pas le choc.

La description est un peu bancale mais en réalité, c'est indescriptible. C'est une expérience à faire et à refaire.

Japon : Bain de minuitJapon : Bain de minuit

Inutile de dire comment le sommeil a été de plomb ensuite. Plutôt que d'enchaîner directement sur le lendemain, je vous présente le Kaiseki.

Le repas Japonais typique d'après le Ryokan (le Kaiseki)  se compose en plusieurs petit plateau remplie d'une petite quantité de chaque.Nous ne l'avons pas demandé, mais pour votre culture (et ma mémoire), je vous présente quand même le vocabulaire associé à chaque plat.

Il y a les "entrées":

  • Shokuzen-shu : un apéritif sous forme de boisson (mais l'alcool, pas des amuses-gueule liquides, svp!) soit un vin doux ou une liqueur de la région
  • Sakiduke : Apéritifs (autre que les snacks)
  • Wanmori : une soupe assez légère (voire un bouillon)

Les plats :

  • Tsukuri :  tranches de poissons crus (en gros c'est des sashimis mais Tsukuri appartient au langage soutenu)
  • Hanmushi : poisson à la vapeur avec un peu de riz gluant 
  • Kuchitori : un mélange de plusieurs ingrédients, variables et cuisinés
  • Yakimono : un aliment grillé, souvent on pense au Yakitori ; brochette de poulet grillé
  • Meibutsu : C'est le petit plus du menu, et aussi le principal. Il est attribué comme une spécialité de l'auberge.
  • Sunomono : des légumes marinés au vinaigre de riz
  • Takiawase : Un mixte de légumes cuits avec une sauce soja.
  • Shiru : une soupe encore mais cette fois-ci avec potentiellement du Miso
  • Gohan : simple bol de riz
  • Konomono : des légumes macérés dans de la saumure

Un dessert : le Mizumono qui consiste en des fruits de saison et locaux.

Voyez ! Comme une bonne auberge vous accueille avec des produits frais, locaux et sains !

Japon : Bain de minuit
Commenter cet article