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Blog d'expat (Blog en construction sur les anciens articles)

Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.

Publié le 27 Août 2017 par Bobbie in Barcelone, Activité, Sport, Rando

Pedraforca, proche de la frontière

Rando de moins de 10 km avec 1000 m de dénivelé,

La montagne de Pedraforca située dans la réserve de Cadí-Moxeiró est l'une des montagnes emblématiques de Catalogne. Sa forme particulière se démarque avec ses deux crêtes parallèle pollegons séparé par un col l'Enforcadura. Enneigé très tôt jusqu'à très tard, Pedraforca est un massif que nous avions pu voir lors d'une précédente randonnée. Si en effet, il m'était paru superbe, jamais je n'aurais pensé que je grimperais sa plus haute crête (2 506.4 m) un peu plus d'un an plus tard.

Et me voici, à en toucher quelques paragraphe pour vous. Evidemment, comme d'hab', je suis partie avec le groupe de Moshe, et tout c'est bien passé.

J'en remercie la montagne !

Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.
Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.
Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.

Au début, tout va bien, on est dans la forêt, le chemin est légèrement pentu avec quelques racines saillantes ici et là. Les gens papotent et déjà un groupe de tête fonce en avant à l'assaut du flanc qui introduit de plus en plus de longs tronçons plus inclinés. Parfois on quitte la protection de la forêt pour franchir un ruisseau asséché qui a creusé le flanc avant de retourner sous le couvert végétal et grimper de belle lurette.

C'est comme ça que sans s'en rendre compte, on finit en chèvres de montagnes, position 'escrimeur' à chacun de nos pas. Sans hésitation, pour cette randonnée j'estime que l'on a fait 3 heures de squat sans les pauses. Et je ne fais pas la Marseillaise. Car une fois que le chemin sinueux quittent les arbres, c'est un pierrier qui nous attend et qui n'a pas l'intention de nous ménager. 

Certes, l'éboulis de pierre dégueule entre deux pans de montagnes, le panorama que nous avons en se retournant de temps en temps est indéniable, le calme et la détente procurés par un tel lieu sont libérateurs, mais bien que cela reste motivant, enthousiasmant et grisant, les jambes n'ont pas des yeux pour s'en rendre compte. Aucune technique nécessaire. C'est juste raide et le chemin fait très peu de zig-zag. Encore heureux, on ne glisse pas sur le minuscule sentier.

C'est après cette première épreuve, longue mais qui remplit tous les critères de sentiers de Montagne, que nous accédons à un entre deux crêtes du plus haut pic de la Montagne.

 

Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.
Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.

Le plus éprouvant est devant nous : les murs à grimper.

Dans la description et les photos de la randonnée depuis le site Wikiloc, ça avait l'air comme du scrambling (ce mot de vocabulaire désignant le fait de se déplacer à mi-chemin entre la marche et l'escalade).

Donc nous arrivons devant la première partie à 'scrambler' (pardon pour le franglish). C'est un morceaux de crête incliné entre 50 et 75º avec plein de prises. C'est moins dangereux que ça en a l'air et c'est plus excitant que je ne l'espérais. Les prises sont faciles, se hisser le long de la paroi est un véritable jeu d'enfant et très vite, un peu avec cet enthousiasme de continuer, on atteint le bout du mur.

Oui mais.

Après, il faut un peu redescendre, pour mieux remonter. Ca y va crescendo. On est pas au sommet encore, mais on a déjà une sacré vue. Et entre temps, le terrain est un véritable tord-cheville et une véritable mine de roches pour se casser la gueule et tomber dans le vide (eh oui).

Du coup, hop, faut redescendre,

Moi, sur le cul-cul ou en mode table (les hanches tournées vers le ciel et les pieds/mains au sol). Mon centre de gravité étant bien trop haut, si je reste sur les deux pattes, y a de fortes chances que je tombe. 

Bref, un nouveau mur devant nous. Cette fois, l'inclinaison est de 75º...Mais les prises pour grimper sont bonnes et c'est amusant de chercher son chemin au gré de la paroi. Une seconde fois, on arrive en haut, exaltés pour se rendre compte que nous sommes à mi-chemin du vrai sommet. L'accalmie entre ce 2e et 3e mur a toutes les formes de la crête. Je marche avec: à gauche, le vide, à droite, le vide aussi bien qu'il soit moins apic.

De nouveau, je rampe sur les fesses pour descendre un léger tronçon et alors que je suis le chemin indiqué par des points jaunes, je me retrouve nez à nez avec un mur qui cette fois-ci fait 80-85º.

Gloups.

Et derrière moi ? Oh rien. Juste une pente qui prend l'inclinaison des derniers murs escaladés. Rien que ça.

Hormis l'inclinaison qui fait que je fais plus de l'escalade que du scrambling, les prises sont moins évidentes, moins proches les unes des autres et moins 'certaines' (à cause de leur rebords arrondis), la roche est plus lisse et le sommet invisible. Bref, je ne le cache pas, même si je n'ai pas glissé ni quoi ou caisse, y a bien un moment où j'ai juste blindé le mental parce que sinon, je passais de courageuse à pleutre en quelques secondes. Si de nombreuses personnes y sont arrivées avant, pourquoi pas moi ? Et les personnes derrière moi qui en sont bien capables aussi ? Bref c'était pas le moment de flancher, et une fois le passage passé, c'est les tremblements d'adrénaline que j'ai dû calmer.

La raison ? Un moment où je n'arrivais pas à trouver des prises sûres et une manière normale pour grimper. Au final, jai du m'aider de mes biceps pour me hisser vers le haut et prier pour que mes pieds, calés par la pression de mon poids sur deux roches voisines, ne glissent pas.

Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.
Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.

Ceci dit, arrivée, une bonne fois pour toute au sommet, ce moment fébrile est lavé par le panoramique 360º sur la région alentour. Aucun relief pour nous stopper la vue.

Et quel paysage !

Les massifs de début de Pyrénées avec leur cime arrondi, les crêtes qui se découpent dus aux antiques mouvements géologiques et les villages de Saldes et Gosol, petits, aux flancs de la Montagne.

Une fois les photos de groupe et exposer notre fierté sur ce sommet, nous redescendons sur l'Enforcadura pour déjeuner. Au sommet, je ne sais pas pourquoi, nous avions une colonie de moucherons qui nous tournaient autour.

L'Enforcadura est plus herbu et confortable que le sommet aussi. Entre les deux pollegons, on se repose allègrement de notre montée intense. Les cuisses et fessiers ont souffert, mais le plus dur est à venir : la descente. 

 

Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.
Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.Barcelona : Pierre fourchue, muscles tendus.

La descente des montagnes, c'est toujours quelque chose de laborieux, long et pénible pour les genoux. C'est le moment oú tu as le plus de chance de t'éclater par terre parce que le sol glisse. Bon, tomber n'est pas le problème. C'est le sol, fait de rocailles, et l'inclinaison (telle que si tu commences à tomber, t'as de grandes chances de rouler bouler sans t'arrêter) qui sont les traitres.

Ceux à bâtons s'en sortent mieux que ceux sans. Et les petits sans bâtons s'en sortent mieux que les grands sans. Question de centre de gravité. Le mien doit être le plus mal placé, car dans ce genre de situation, j'ai 0 équilibre.

Bref, la descente du pierrier avait beau se faire dans un contexte splendide : paysages, petitesse de l'homme à côté des Pollegons, oiseaux, silence naturelle, c'était dur d'en profiter pleinement. Un peu plus tard, quand je sentais mes muscles se tétaniser, je décidai de vaincre l'appréhension de la chute et de suivre la voie Express : l'éboulis de rocailles, hors sentier, qui n'a qu'une ligne directe vers les basses altitudes. J'avais peur de me tordre la cheville, de ne pas pouvoir m'arrêter, de glisser...et bah rien de tout cela.

Se laisser courir dans les rocailles, ça soulage les genoux, c'est beaucoup plus confortable qu'avancer avec précaution. En gros, l'éboulis de pierre forme un coussin qui accuse ton poids, et comme ça glisse pas sur le sol, tu ne perds pas le contrôle. Le seul soucis c'est de veiller à mettre les pieds sur les cailloux pas trop gros. Un peu comme une course slalom, quoi.

Bref, je recommande de tenter le coup.

Sitôt le pierrier derrière nous, remarcher sur du plat, un sentier terreux au sein de la forêt se fait les doigts dans le nez. Je pourrais voler si mes jambes n'étaient pas si heureuses de retrouver la normalité.

Pedraforca, fut donc une belle expérience catalane que je porterais avec fierté pour le reste de mon existence. Pas sûre cependant que je serais plus zen si je re escalade le 3e mur.

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