Deuxième jour dans mon nouvel environnement. Le lit King size est confortable. J'enfile 10 heures de sommeil. C'est du luxe ! Du grand luxe dans mon rythme du : 7 heures toutes les nuits avec 1 à 2 heures de sport par jour que j'ai à Barcelone.
C'est comme des fleurs que nous nous dirigeons au petit-déjeuner dans une salle du dernier étage et qui surplombe Almaty.
A mon grand regret, le petit déjeuner présente beaucoup de nourriture cosmopolite. Ce qui ne me force absolument pas à prendre le petit déj Kazakh-type. Je me tourne vers les fruits, une crèpe fourrée, des fruits secs, consciente que je n'en aurais plus accès une fois sur les routes de campagne.
Il y a aussi une sorte de fromage fait avec du lait caillé. Ca s'appelle le Tvorog. Intriguée, je tente, mais je me rends immédiatement compte que c'est le Mato espagnol (que je sais faire à présent).
Tout ça bien calé dans l'estomac, nous entamons les visites en descendant, estomac en avant, l'avenue jusqu'au Green Bazaar. Je m'y étais rendue brièvement la veille, un peu timide et surtout effrayée dans ce cancan kazakh pas si effréné que ça.
Le Green Bazaar rassemble plusieurs "hangars" comme la logique des choses le veut.
- Pour la viande, le fromage, les oeufs, les épices et fruits secs, pharmacie et floristerie (bizarre mélange, je sais),
- Pour les vêtements, accessoires, quelques bricoles de décoration.
- Pour les fruits et légumes, gateaux secs et épicerie sucrée.
- Pour la quincaillerie.
- Pour les bricoles inutiles de maisons, souvenirs et froufrous.
La partie, bien évidement, la plus attractive, est la première. Elle m'a énormément effarée pour les conditions sanitaires et hygiénique dans lesquelles les aliments sont présentés.
Amandine, m'expliquera qu'ici, manger de la viande crue, est "dangereux" et qu'elle même ne mange pas de viande qu'elle aurait achetée au supermarché.
Primo, à cause des conditions à l'abattoir.
Deusio, la traçabilité et savoir depuis combien de temps la viande est fraiche sont des données inexistantes.
Et tertio, la vente.
Au Grand Bazaar, la viande n'est pas protégée des mains des passants, n'est même pas réfrigérée, et les étagères sont-elles nettoyées ?
Langue de boeuf sur les esses, tripes de moutons pendantes dans un autre coin, tronçon de chèvre exposée sous un rayon de soleil et vendeuses accoudées entre les morceaux.
Pour l'européenne que je suis, c'est flippant. Et je ne me tenterais pas à en acheter, à la cuisiner et à la manger si je n'ai pas un hôpital et les médocs sous la main, en cas d'infection alimentaire.
Bref, ceci constitue une première expérience sur le pourquoi, voyager c'est cool, mais voyager, c'est aussi de la prévention et des choix raisonnables (malgré ma curiosité pour essayer tout, je crois que je commence à toucher mes limites).
Je dis ça, mais rayon crémerie (qui présentent une exposition similaire à celle de la viande), je ne me fais pas prier pour tenter d'étranges fromages à l'aspect de pain, et d'autres en diverses formes.
J'apprends que le premier, après une recherche ardente sur internet, s'appelle le Irimshik (иримшик). C'est apparement une sorte de mélange de lait et de crème que l'on aurait caillé, où l'on aurait ajouté des ingrédients sucrés (miels, sucre) et que l'on aurait mis à sêcher. OK.
Donc ce fut mon premier test culinaire bizarre. Ca fait Skwish Skwish sous les dents, mais c'est pas mauvais, voire addictif. Les autres fromages ont aussi un gout sucré, mais pas de gout exptionnel.
Et pour terminer, les épices...
Ah les épices ! Je n'ai pas à me plaindre de Barcelona et ses ressources asiatiques. Mais être dans un pays sur la plaque tournante entre: les épices chinoises, les épices indiennes, les épices arabes et une influence africaine, le résultat est qu'on se trouve en véritable Color Party des épices. Au Green Bazaar, ce fut le seul endroit où j'ai pu trouver autant de choix. Et même si la plupart des noms m'était familier, j'en ai quand même pris trois qui me paraissaient totalement inconnues au palais : Hops Suneli (Georgie), Le cumin noir (Chine), et les épices pour Laghman (Chine). Ma foi, c'est la Maman qui va en bénéficier (étant donner que j'ai déjà une collection d'épice qui descend très lentement - contrairement à elle).
La seconde partie abrite les vêtements et quincailleries dans des boutiques pas plus grandes que 6 m2. Pas de marques tel quel mais beaucoup de vêtements banaux qui se ressemblent tous, hormis les boutiques déjà un peu marginales. Les allées sont beaucoup plus vide, mais les boutiques sont pratiquement toutes ouvertes. Pour tromper l'ennui et/ou ne pas tirer le store, des jeunes ou des âgées passent dans les couloirs avec pâtisserie ou boisson sur un plateau ou dans un charriot.
NB: C'est aussi ici que je me suis achetée des sous-vêtements d'urgences (très beau) pour moins de 10 euros...
La troisième partie se trouve dans la partie en-dessous de la deuxième. Ce sont les légumes, fruits et biscuiterie. A mon grand étonnement on trouve une grande diversité de fruits : abricot, pêche, nectarine, poire, prune, baie et ... les Pommes ! L'avais-je déjà dit que Almaty signifie plus ou moins "Ville de la Pomme"? C'est l'origine, le centre de diffusion de la pomme cultivée. Vraisemblablement, toutes variétés de pommes existantes de nos jours proviendrait du pommier sauvage Malus sieversii qui poussent à foison autour d'Almaty. C'est un peu l'équivalent du loup pour les chiens. Bref, la pomme d'Almaty est d'une autre variété mais elle a rien à envier des pommes que l'on trouve ailleurs dans le monde.
Parenthèse culturelle refermée, j'en reviens à la partie où des crampes d'estomacs commencent à me rendre nerveuse et tordue en deux. Welcome à la première Tourista (aka: la diarrhée du voyageur) de ma vie ! C'est le genre de soucis qui peut vous pourir la vie, surtout dans un pays où trouver une pharmacie (en dehors des grandes villes) devient un périple digne de roman d'aventure...
"L'aventurière insouciante, se précipita, courbée en deux, le visage fermé entre deux buissons. Une fine sueur filmait sa peau rougie par le soleil ardent du désert de Kazakhstan. Combien lui restait-elle de villages, dans les alentours, qui pouvait abriter un centre sanitaire pour la sauver des horribles douleurs qui la tenaillaient, pensait-elle alors qu'accroupie, cachée derrière l'arbrisseau, elle espérait que les contractions passent. Tous les villages jusqu'alors n'avaient qu'une maigre épicerie et une station essence, dans le plus grand des luxes. Il lui faudrait encore marcher, en serrant les dents, accablée par ses crampes et souhaiter que la bonne fortune lui fasse croiser un bon samaritain dans une voiture décente."
#Drama
NB: ceci est de la pure fiction.
J'ai la chance d'avoir une amie qui parle russe, et des pharmacies dans chaque bloc...même si pour s'y rendre, il fallait que j'y aille pliée en deux pour survivre aux douleurs. A quoi c'est dû ? Je me le demande. En y pensant, il y a plein de facteurs...
- La soupe méga épicée de la veille. Viande pas assez bouillie ? Ou épices que mon estomac ne connaissait pas
- Le petit déj du matin: produit laitier comme le tvorog dont j'ai un peu abusé ? Ou fruit (pastèque et melon) déjà contaminé ?
- Le chaud-froid + la fatigue + les vacances attendues + un truc que j'ai grignoté la veille entre l'aéroport et l'hôtel...
Bref, ma plus grande inquiétude c'était pas de perdre plus de poids quand 1 an de régime, c'était cette idée que la tourista peut rester une semaine entière, et qu'une semaine, cela correspond au temps que l'on serait sur les routes...et donc une semaine de vacances bien ternie.
Bon, outre les soucis gastronomiques, l'après-midi, nous sommes montés à Médeu. Une entre-station hivernale et alpine qui héberge une patinoire énorme ainsi que des télécabines pour accéder à la station de ski.
En prenant un seul bus, le 12, nous y sommes déposés au pied de la patinoire.
Bien évidemment en été, il n'y a pas de glace et elle sert de piste de karting. L'attraction du lieu, outre les montagnes bien ardues, la nature et le calme, c'est de gravir une dizaine d'escalier pour accéder à un pseudo-barrage. Jusque là, y a pas mort d'homme et ça revient à un dimanche sportif pour les habitants d'Almaty. Avec un peu de chance, nous croisons des écureuils qui ne sont pas le moins du monde gênés par notre présence.
A l'arrivée nous avons la vue agréable des massifs encore plus haut de la chaine de Montagne de Tian-Shan. C'est beau, ca donne l'eau à la bouche pour le reste du voyage, mais ça reste assez inaccessible (pas de sentier de rando, mais une route).
Après avoir profiter de la vue, nous retournons à l'hôtel avec le même bus 12...où malgré toute la pression de mon corps sous symptôme de tourista, je m'endors.
A l'hôtel, il y a un spa dont nous bénéficions de l'accès gratuitement. Je me dis que pour mon petit bidon, un bon sauna super chaud, ça doit pas faire de mal...Surtout après un massage musclé que je me suis offert (A la russe !). Et après une journée super éprouvante, nous terminons dans un restau Géorgien (Daredzhani) à deux pas de l'hôtel.
Comme tout pays de l'Europe (hormis les UK ? (This is a joke :p, je salue et j'aime vos scones, cookies au gingembre, fish and chips, snacks, etc...), la carte est bien fournie et le voyage culinaire nous présente également un bel aperçu de ce que peut offrir les pays voisins.
Pour rester traditionnels, nous commandons un mix de Phkalis qui sont des amuses-gueules succulentes de mélange de légumes, de mousses chauds ou froids. Puis je commande des Shkmeruli, un plat de poulet frit dans une sauce à la crème et à l'ail. Amandine a pris un Chashushuli (un mijoté de boeuf dans une sauce tomate) et André un Khatchapouri (une sorte de pain en forme de barque et fourrée avec divers ingrédients). C'est servi en bonne quantité, et rare sont les légumes dans les plats. Je sature avec autant de viandes (une dizaine de morceaux de poulet) et demande volontiers un dogger-bag (ouf pas de gachis !). Moi qui pensait qu'avec la journée mouvementée, j'aurais une faim de loup... et bah non.